Les allumeurs d’étoiles

 Les allumeurs d’étoiles

« Voilà, voilà l’histoire de toutes les étoiles
Et depuis ce soir-là, j’allume aussi l’un après l’autre
Tous les astres intérieurs que l’on avait éteints  … »

Guillaume Apollinaire, « Il est grand temps de rallumer les étoiles »,

Prologue des Mamelles de Tirésias.

Chère âme,

En ce moment,

La nuit te paraît peut-être bien sombre

Et la vie peut-être te semble

Une longue nuit amère.

Petite âme triste,

N’oublie pas la lumière en toi…

Tu peux rallumer les étoiles

Quand tu le souhaites,

Comme Guillaume et les autres

Autrefois plongés dans la nuit sans fin

De la Grande Guerre.

Regarde autour de toi

Et vois les allumeurs d’étoiles.

Tu n’es pas seule, petite âme…

Chaque cœur pur allume une étoile,

Lueur d’espoir,

Rayon d’amour.

Chaque jour ils sont là qui prennent soin de toi.

Au petit matin tu entends leur camion.

Ils parcourent villes et villages

Pour que nos rues soient propres.

Du soleil elles sont le clairon.

Chaque jour et chaque nuit

Ils sont là qui prennent soin de toi.

Ces belles âmes veillent auprès des malades

Et caressent d’une main aimante

La tête de nos aînés

Qu’elles dorlotent comme des petits.

Chaque jour ils sont là qui prennent soin des enfants.

Ils les guident sur le chemin

De la connaissance

Et chaque jour grâce à eux nos enfants

Grandissent et deviennent de petits hommes.

Chaque jour et chaque soir elles sont là,

Les belles âmes

Qui chantent et dansent et écrivent,

Artistes qui allument nos rêves

Et consolent nos nuits.

Chaque jour elles sont là,

Les belles âmes

Qui font rayonner le soleil du cœur

Et guérissent nos blessures profondes.

Mains

Tambours

Chants

Mots

Plantes

Prières

Afin que la lumière jaillisse

De nos anciennes brèches.

Chaque jour elles sont là,

Les belles âmes

Couturières de la vie

Qui offrent leur temps

Pour protéger les plus faibles

Et parer nos sourires,

Laissant nos yeux briller

Dans le sourire infini du regard.

Chaque jour elles sont là

Les belles âmes

Qui nourrissent nos corps :

Elles pétrissent le pain,

Elles labourent,

Elles sèment des graines,

Elles sont à la caisse…

Et moi pendant ce temps

Je sème des graines de poésie

Qui deviendront fleurs

Dans le cœur des âmes

Qui ont soif de rêve

Et d’Amour.

Angéline Billiau