Le monde d'après
Ce soir, chère âme,
L’heure est venue
De rêver au monde d’après.
Nous avons versé tant de larmes,
Pauvre âme oubliée…
Viens pleurer dans mes bras.
Pose ta tête sur mon épaule.
Ta tristesse est légitime
Car l’absence a le goût terrible du manque
Et l’on ne quitte pas sans pleurs
Les êtres aimés.
Console-toi petite âme,
Une fois l’âme envolée
Ce corps ici souillé
Cet aîné délaissé
Cette sagesse piétinée
Seront aimés à leur juste valeur.
Console-toi petite âme,
Je sais que tu souffres
Car chaque mot qu’ils prononcent
Est comme un coup de poignard
Dans ton cœur déjà meurtri.
Nous sommes riches de biens
Mais nous sommes pauvres de cœur.
A leurs yeux
Nous ne sommes
Que des esclaves
Vils et laids.
Combien coûtent nos vies ?
Le sort chaque jour réservé
Aux humains les plus pauvres
Est aujourd’hui le tien.
A leurs yeux
Ta vie ne vaut rien
Elle ne vaut pas la peine d’être soignée
Elle ne vaut pas la peine d’être testée
Elle ne vaut pas la peine d’être masquée
Elle ne vaut pas la peine d’être sauvée
Ce soir je transforme leur boue
En or
Et je propose à ton âme meurtrie
Un autre monde,
Le monde d’après.
Car le monde d’aujourd’hui
Est si sale
Qu’il nous faut le réinventer.
Mettons à la place de leurs paroles fausses
Des paroles vraies
Des cœurs lumineux
Des caresses
Des oiseaux qui chantent
Des arbres silencieux
Des poèmes dorés
Détournons le regard
Devant tant d’ignominies
Et regardons les belles âmes
Qui avec nous vont construire
Le monde d’après.
Angéline Billiau