Dans le coeur
Dans le cœur
« Assieds-toi, dit Amour, goûte ma nourriture. »
George Herbert, Amour.
Cher ami, chère âme,
Laisse-moi en ce jour te délivrer un message précieux.
Assieds-toi confortablement,
Installe-toi peut-être à l’ombre de ton arbre préféré.
Respire le parfum des fleurs qui t’entourent.
Ecoute les oiseaux.
Respire profondément.
Ecoute les mots de la poétesse.
Ce poème est le chemin qui va te conduire à ton âme.
Ce poème est le chemin qui va te conduire à ton cœur.
Quand la tempête se lève,
Quand l’orage gronde,
Quand les nuages sombres s’accumulent,
Love-toi dans ton cœur.
Retrouve le chemin de ton cœur.
Pense à tes aimés.
Imagine une assemblée constituée des êtres chers.
Entends leurs rires,
Ressens leur joie.
Gonfle ton cœur d’amour.
Envoie ton amour à ce qui t’entoure.
Arbres, fleurs, oiseaux, animaux,
Même l’eau du ruisseau entendra cet appel.
A leur tour ils t’enverront leur amour.
Et le cercle vertueux de l’amour
Viendra se loger dans ton cœur.
Ici sera ton abri,
Ici ton âme t’attendra.
Aimante et paisible,
Toujours là pour toi.
Autour de toi voleront les anges
Qui t’enverront leurs baisers de souffle.
Dans ton cœur résonnera leur amour.
Ton corps ressortira encore plus fort
De ce bain infini d’amour.
Répète ce mot à tout va.
Chante ce mot,
Dis-le au vent.
Il va l’emporter
Et le répandre partout dans le monde
Tel le seul et unique talisman.
Remercie l’amour qui coule en toi
Et que cette onde immense d’amour
Vienne guérir le monde
Ouvrir les yeux de tous
Leur apporter la seule vérité qui vaille,
Celle de l’Amour.
Ne te laisse pas emporter par les vagues de colère et de peur.
Reste centré sur ton cœur.
L’Amour a toujours triomphé.
Une fois de plus ce sera le cas.
L’antidote est là,
En un seul mot,
Le plus puissant des mots,
AMOUR.
Angéline Billiau
LOVE
Love bade me welcome ; yet my soul drew back,
Guiltie of dust and sin.
But quick-ey’d Love, observing me grow slack
From m’y first entrance in,
Drew nearer to me, sweetly questioning
If I lack’d anything.
A guest, I answer’d, worthy to be here.
Love said, You shall be he.
I, the unkinde, ungrateful ? Ah, my deare,
I cannot look on thee.
Love took my hand and smiling did reply :
Who made the eyes, but I ?
Truth, Lord ; but I have marr’d them : let my shame
Go where it doth deserve.
And know you not, says Love ; who bore the blame ?
My deare, then I will serve.
You must sit down, says Love, and taste my meat.
So I did sit and eat.
Traduction de Jean Mambrino :
Amour
Amour m’a dit d’entrer, mon âme a reculé,
Pleine de poussière et de péché.
Mais amour aux yeux vifs en me voyant faiblir
De plus en plus, le seuil passé,
Se rapprocha de moi et doucement s’enquit
Si quelque chose me manquait.
Un hôte, répondis-je, digne d’être ici.
Or, dit Amour, ce sera toi.
Moi, le sans-coeur, le très ingrat ? Oh mon aimé,
Je ne puis pas te regarder.
Amour en souriant prit ma main et me dit :
Qui donc fit les yeux sinon moi ?
Oui, mais j’ai souillé les miens, Seigneur. Que ma honte
S’en aille où elle a mérité.
Ne sais-tu pas, dit Amour, qui a porté la faute ?
Lors, mon aimé, je veux servir.
Assieds-toi, dit Amour, goûte ma nourriture.
Ainsi j’ai pris place et mangé. »
Poème cité par Simone WEIL dans une lettre à Joë BOUSQUET.